2021 Quatre chênes pour la flèche de Notre-Dame de Paris
Patricia Husson avait proposé quatre grands chênes des forêts de Preuilly pour la restauration de Notre-Dame de Paris. Ils ont été acceptés et enregistrés dans la base nationale créée pour gérer les besoins du chantier de Notre-Dame. Ensuite tout s'est passé très vite. La coupe devait avoir lieu « en descente de lune » avant la montée de sève du printemps. Les chênes ont été coupés vendredi 12 mars 2021 dans le bois de Crèvecœur à deux pas de l'abbaye.

Comment ont-ils été sélectionnés et à quoi vont-ils servir ?
La décision de restaurer la flèche et la charpente de la cathédrale à l'identique a été prise en juillet 2020. C'est l'organisme interprofessionnel France-Bois-Forêt qui a été choisi pour coordonner la recherche, la sélection et l'abattage des bois nécessaires au chantier, en liaison avec l'Office National des forêts et les architectes et experts chargés de la restauration. La « récolte » c'est le terme utilisé par les forestiers, a été programmée en deux temps : un premier lot vient d'être prélevé́ pour la flèche, un second le sera à l'automne pour la charpente médiévale, la « forêt de Notre-Dame ».
La première récolte était très exigeante : 50, 60, 80 ou 90 cm de diamètre et de 8 à 14 mètres de hauteur, pour le fût de l'arbre (la partie utilisée pour tailler les pièces de charpente), soit des arbres de plus de cent ans d'âge et jusqu'à deux cents pour certains.
Les mille chênes commandés en janvier par les architectes en charge du chantier de la cathédrale serviront à reconstruire la partie la plus récente de Notre-Dame, dessinée et construite par Eugène Viollet-le-Duc au XIXᵉ siècle : la flèche, son socle et la charpente du transept.

« Ces grosses pièces vont constituer l'enrayure basse qu'on appelle aussi le « tabouret » de la flèche. Ils vont relier les quatre piliers de la croisée en diagonale et c'est cette diagonale qui portera en son centre le poinçon de la flèche qui culminera à 96m. Ces arbres sont ceux qui vont supporter l'ensemble de la charpente de la flèche » explique Philippe Villeneuve, architecte en chef des monuments historiques, qui dirige le chantier de restauration.
Les chênes prélevés, proviennent de toutes les régions de France et, pour moitié, de forêts privées. Précision qui a son importance, les arbres sont offerts par les propriétaires et le sciage offert par la filière bois.
Ces mille premiers chênes vont reposer en extérieur pour la phase de "ressuyage". Ce processus consiste à laisser les bois se nettoyer naturellement sous les effets de la pluie, du vent et du soleil qui permettent une première étape de séchage en évacuant l'eau contenue dans les fibres de bois, appelée "eau libre". Les grumes seront ensuite transportées pour une deuxième étape de séchage et de découpe en scierie et ne parviendront dans les ateliers des compagnons charpentiers qui travaillent à la restauration de Notre-Dame, qu'en 2023.
Mars 2021