1248-1750 - L'or bleu
Sous les allées et les pelouses de Preuilly on peut admirer les vestiges du réseau hydraulique de l'abbaye, mis en place dès les premiers temps du monastère pour canaliser, entre autres sources voisines, les eaux du ru de Montigny.

© Photo Anne-Marie Flambard
Usages domestiques, cultures, jardins, viviers, moulins... les besoins en eau sont considérables, pour les moines certes, qui font progresser à vive allure le développement des campagnes, mais aussi pour les habitants de Montigny qui se rebellent contre leurs privilèges et leur monopole quasi exclusif de « l'or bleu ».
Les manifestations concrètes de leur colère ne manquent pas : détournements du cours d'eau, destructions des canalisations, saccages des fontaines, vols de chevaux, bastonnades et jets de pierre contre les moines et même contre l'abbé...
Autant de délits qui leur valent, en 1248, le châtiment de se rendre au « chapitre d'icelle abbaye, pieds nuds [sic], le corps couvert seulement d'une chemise et des brayes, faire réparation auxdits abbé et cellérier pour lesdits excès et injures, avec serment de ne plus récidiver » (AD 77, H 328).
Délits et transactions, pourtant, se succèderont jusqu'à l'accord, passé en 1736, entre l'abbé de Preuilly, Antoine Jérôme Boyvin de Vaurouy, et Daniel-Charles Trudaine. Seigneur de Montigny, Intendant des finances de Louis XV, brillant scientifique, Trudaine fait du Château de Montigny un lieu des plus agréables où il reçoit ses relations parisiennes. Il aménage le parc avec bassins et canaux pour lesquels il se réserve désormais l'usage exclusif des eaux, du samedi midi au dimanche après complies.
Le château a aujourd'hui disparu mais voici à quoi il ressemblait aux environs de 1750

Comme vous le voyez sur l'image le château lui-même (en rouge) n'occupait qu'une petite partie d'un vaste espace organisé pour des recherches et des expériences sur l'amélioration de l'agriculture, sujet qui passionnait Daniel-Charles Trudaine, né en 1703, mort en 1769.
Ayant sous sa responsabilité, le service des ponts et chaussées, Il fonda en 1747 l'École Royale des Ponts et Chaussées et lança un gigantesque projet que l'on appelle aujourd'hui l'Atlas Trudaine, le relevé de toutes les routes du royaume et de leurs abords, plus de 3000 plans manuscrits (dessin et aquarelle) qui sont aujourd'hui conservés aux Archives nationales.