1868 - La ferme de Preuilly

La ferme de Preuilly appartient à M. Husson et est exploitée par M. Bouchet. Elle est d'une superficie de 245 hectares. (...)

Quand M. Bouchet est entré dans la ferme de Preuilly, une voiture chargée n'était pas certaine de traverser la cour sans être exposée à verser, tant le sol était défectueux ; aujourd'hui cette cour est nivelée, cailloutée et parfaitement sablée. (...) En faisant le tour de la cour, on voit une grande écurie, bien aérée, contenant 15 chevaux, tous en bon état et bien choisis pour faire de bons travailleurs. Puis vient une étable contenant 30 vaches, toutes d'élèves* provenant de croisements de la cotentine avec taureaux hollandais, pleines de santé, remarquables de formes, bonnes laitières, prouvant avantageusement qu'il n'y a pas qu'en Normandie et loin de Paris qu'on peut élever. (...) Le lait sert, à engraisser des veaux et à faire des fromages ou du beurre.

M. Bouchet, qui est heureusement doué pour l'éducation des bestiaux, a un des plus beaux troupeaux d'élèves de la contrée, en partie tous métis mérinos. Il a toujours de 900 à 1000 bêtes ovines dans ses bergeries. (...) Ce troupeau a été primé dans beaucoup de concours et plus que jamais M. Bouchet mérite des louanges pour avoir si bien entretenu ses belles formes, ainsi que la finesse, la longueur et le lassé de la laine. Tous les ans, M. Bouchet élève 400 agneaux ; quoique ce troupeau soit son œuvre, M. Bouchet prévoit qu'il ne pourra bientôt plus l'entretenir en laine métis-mérinos pure, et qu'il lui faudra subir les exigences de l'époque. Les grandes importations d'Australie et d'ailleurs faisant une forte concurrence aux produits français, ces derniers ne pourront certainement pas la soutenir avec avantage, et l'éleveur devra changer sa spéculation en produisant de la viande avec des animaux à engraissement précoce. (...)

Si l'on veut voir une belle récolte, il faut aller à Preuilly, tout y est remarquable.

Les blés sont très-forts et uniformes, les orges, les avoines n'ont rien à envier à toutes celles que nous avons vues, elles sont d'une grande propreté et supérieures en force. Quant aux fourrages, il sont au-dessus de tout ce qu'on peut dire.(...)

M. Husson voyant son fermier dépenser tout ce qu'il a d'intelligence, d'activité et de capitaux, pour faire produire sa ferme et en faire en quelque sorte un établissement exemplaire, a voulu l'aider de ses conseils, de son amitié et de sa bourse, en participant dans certaines dépenses. Pardon, monsieur Husson, de mon indiscrétion, mais de pareils faits, selon moi, méritent publicité.

Je crois en avoir assez dit sur Preuilly pour que le nombreux auditoire qui me fait l'honneur de m'écouter juge que cet établissement, dans des mains aussi habiles, sort de l'ordinaire.

Courage, monsieur Bouchet ! Persistez dans la voie que vous vous êtes tracée ; Vous méritez les félicitations du monde agricole, et en particulier de la Commission départementale dont je suis l'organe, et qui me charge de vous annoncer qu'elle vous décerne la prime d'honneur.